Nous refusons tout net que Marie-Hélène Lafon cesse d’écrire quand elle aura l’âge de la retraite ! Oui, nous avons pris gout à son écriture au plus juste des mots, oui, nous voulons encore la lire !
Souviens toi, Ô Lectrice, Lecteur mon ami-e, en octobre 2012, nous avions reçu Marie-Hélène Lafon pour Les pays. Notre cher Frank Lanot qui l’avait interrogée à l’époque disait « On entend une parole, une voix s’exprimer, un souffle différent selon les personnages ».
« J’écris comme on laboure, confie l’auteure, de façon têtue et tenace. Je suis un tâcheron de la langue. Pour moi il n’y a pas de livre sans langue.
Son dernier livre, Les sources, est un livre dense, emporté…
un récit en trois actes, « elle » d’abord, la mère, qui prépare ses enfants à passer la journée chez ses parents « Elle est contente de descendre, elle voudrait être contente, on sera chez elle, de son coté, on pourra rire et parler fort, il n’aura pas le dessus ; chez elle il n’a pas le dessus, il mange et il se tait. »
Lui, ensuite, seul dans sa ferme, qui rumine son incompréhension lors de ses insomnies. « Elle était un poids mort, toujours à tournicoter dans la maison et dans la cour, à tout commencer sans rien finir, à peine capable de commander la bonne qu’il payait, lui, parce qu’elle ne pouvait pas se débrouiller seule. Toujours enceinte, à se trainer, énorme, de plus en plus énorme, et molle. Il enfonce sa tête dans le traversin, il appuie, son cou se raidit, il faut qu’il se calme ; c’est fini, fini, il est débarrassé. »
Et puis, cinquante ans plus tard, retour dans la cour de la ferme pour une des filles « Claire s’adosse au tronc de l’érable. Elle écoute la Santoire. Elle a posé sa main droite ouverte sur le lichen roux de la façade, elle va partir, elle se souviendra de tout. Elle ne ferme pas les yeux, la lumière est douce ».
Sans voyeurisme, sans pathos, Marie-Hélène Lafon livre ici le roman vrai des violences conjugales, avec une rare puissance.
Jeudi 6 avril : rencontre à partir de 17h,
venez nombreux !