Invitation à rencontrer Marie-Hélène Lafon

Salut à toi, Ô Lecteur mon ami !
 
Ta librairie Eureka Street est très fière d’accueillir Marie-Hélène Lafon
pour : Les Pays (Buchet-Chastel). Marie-Hélène Lafon est de ces
écrivains qui ont un souffle, un phrasé, une respiration.
L’histoire d’une jeune fille de 20 ans qui quitte son Cantal pour
Paris-la Sorbonne.
Marie-Hélène Lafon  a fait l’unanimité lors de cette rentrée littéraire, et toute la presse en a parlé (Le Monde, Télérama, La Grande Librairie, etc.)
Cette rencontre aura lieu le Mardi 23 octobre, à 18h !
Elle sera animée par Frank Lanot, fan de la première heure, et qui nous offre le texte ci-après : qu’il en soit ici vivement remercié !
Venez nombreux apprécier ce très beau roman. A mardi !!!
 
« Dites-moi
où en quel pays…
Ce
qu’on est… Qui on est… Bien difficile à dire, à cerner, à
circonscrire. Alors, on coupe au plus clair : d’où je viens.
L’Etre a tout autant à voir avec le Temps qu’avec le Lieu. Je
suis d’où je viens. Origine, ancrage, terreau, socle. C’est à
tort qu’on croit
avoir
un pays : on est ce pays, on est ce qu’il a fait de nous, et
ce qu’on a fait de lui pour devenir qui on est.
Marie-Hélène
Lafon publie chez Buchet-Chastel un remarquable roman, Les
Pays. Le titre est le
nom du personnage principal, comme chez Balzac. C’est l’histoire
des Pays.
Au
commencement, il y a Claire : cliché voulu du prénom
transparent, Claire la limpide, Claire comme de l’eau de roche.
Claire est fille de l’Auvergne et de paysans. Elle est — comme on
dit ­ — montée à Paris (cette ville est toujours là-haut),
et ce faisant elle quitte son pays. Tu quitteras ton pays et ta
terre, c’est biblique : Claire change de monde. Province –
Paris : Balzac et Stendhal en ont rêvé, Rastignac et Julien
Sorel l’ont fait. Fermez le ban.
Oui,
mais avec Claire, si peu limpide, les choses se compliquent : le
pays quitté ne l’est pas complètement, et voilà que les pays se
rencontrent, se croisent, s’emmêlent et se superposent. Elle
emporte à ses souliers la mémoire de là-bas : Paris l’a
prise, mais de l’Auvergne elle ne s’est pas déprise. Les pays,
en elle, dialoguent en un entretien infini, de mots, d’images, de
couleurs, d’odeurs. Ni nostalgie niaiseuse du pays authentique et
tant aimé, ni satire convenue de la ville inhumaine et anonyme :
Claire est au carrefour de ces deux mondes, et l’espace romanesque
que construit Marie-Hélène Lafon est le paysage intérieur de son
personnage, qui n’oublie rien, et qui apprend tout.
Car
il est un tiers pays que Claire invente,
au sens propre de “faire venir au jour“, comme on le dit d’un
trésor : les Livres. Claire étudie le grec, cette langue et
cette culture pour qui notre dette est immense. Claire se source dans
ce monde antique au ventre de la vieille Sorbonne. Elle deviendra
professeur.
Avec
les mots qu’elle apprend à manier, ces mots au sens plus pur,
travaillés par la culture classique, Claire peut nommer les éléments
du pays de ses enfances : non plus les désigner,
comme le fait la langue utilitaire des émotions, mais les signifier,
leur donner tout leur pesée de sens, de chair, de sève, de pulpe.
Ainsi circulent les pays, dans la mémoire et dans les mots, dans les
images et dans l’amour.
Claire
revient souvent dans l’Auvergne première ; et son père, lui,
quitte annuellement la ferme pour le Salon de l’Agriculture. Choc
des trajets et des générations : Paris apparaît à la jeune
femme avec les yeux que pose sur la ville son père, et sa province
surgit devant elle dans les gestes du vieux monsieur perdu dans la
jungle des villes.
Lafon
écrit dru, et l’encre sent l’ancrage : une écriture qui
trace la route, des phrases pleines, tassées, avec des mots rugueux
dans des paragraphes carrés comme des parpaings. Lafon fait sentir
le génie de ses pays, leur évidence et leur opacité ensemble.
C’est élémentaire.
Comme l’air et les eaux. Comme la lumière et la glèbe »
Frank
LANOT
A
noter, chez le même éditeur, un très beau petit livre du même
auteur : Album.
Ce sont vingt-six courts textes, un abécédaire à sa façon, qui va
d’ARBRE à VACHE et qui peint magnifiquement le pays de
Marie-Hélène Lafon.